Avec Sandrine Passemard-Vorms
À cette question de la durée “idéale” à passer sur une tablette, “il ne peut y avoir de réponse toute faite”, prévient Sandrine Passemard-Vorms, neuropédiatre à l’hôpital Robert-Debré. Les nombreuses études en cours présentent des résultats contradictoires. Mesurer l’impact de ces nouveaux supports prendra du temps, mais certaines choses sont d’ores et déjà acquises…
Les capacités attentionnelles de l’enfant évoluent en fonction de son âge. Celles d’un petit de 3 ans sont de cinq minutes. Elles atteindront vingt minutes à 6 ans. C’est pourquoi les enseignants de maternelle proposent des activités très séquencées afin de ne pas perdre l’attention de leurs jeunes élèves. Il serait donc complètement improductif de proposer à un enfant entre 3 et 6 ans de passer plus de vingt minutes sur un livre numérique.
La neuropédiatre invite aussi les parents à se méfier de titres qui abuseraient des stimuli visuels et auditifs : “trop d’éléments qui distraient le petit lecteur peuvent entraver son attention et sa compréhension de l’histoire”.
Chez les enfants de 6 à 11 ans, les capacités d’attention passent de vingt minutes à une heure durant ces cinq ans. Encore une fois, il est donc inutile de dépasser les possibilités de concentration de l’enfant qui n’en tirerait aucun profit.
La neuropédiatre insiste également sur la nécessité, à tout âge, de conserver du temps pour les jeux en trois dimensions, tels que les jeux de construction, les figurines… “L’univers de l’école étant lui-même beaucoup en deux dimensions, via la lecture et l’écriture, il convient de proposer à l’enfant des jeux qui l’aideront à appréhender cette notion de l’espace.”
Le soir n’est pas un moment favorable à la lecture numérique, estime le docteur Passemard-Vorms. Au moment de l’endormissement, la tablette va provoquer une stimulation excessive de la rétine de l’enfant et sursolliciter son attention. La journée – quand le contraste entre la lumière naturelle du jour et la luminosité de l’écran est moins violent – semble être un moment plus approprié.
Sandrine Passemard-Vorms est neuropédiatre à l’hôpital Robert-Debré et chercheuse à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).